Sacred wild women spirit

Qu’est-ce qui est essentiel à nos vies ? Qu’est-ce qui nous fait sentir intensément vivant, présent à cette vie qui circule en nous ? Une expérience que j’ai vécu l’année passée me permet d’approcher ce sentiment émouvant dans un contexte singulier et inattendu.

Rétrospective pour inspirer et continuer à porter attention à ces graines de futur…

Crédit photo @sergio.andrade

En juillet 2019, je me souviens avoir été interpellée par cette affiche mettant en scène une femme immergée dans l’eau avec une tête d’oiseau. La photographie annonçait-elle un concert à venir avec une présence animale ? En tous cas, le mystère était visiblement invité et bienvenu…

Le concert était programmé dans une petite chapelle nichée en hauteur de la montagne de Beaumont-en-diois dans la Drôme. Alors que j’y suis arrivée en retard, j’ai commencé à entendre les chants et des sons, des bruits comme des cris d’oiseaux au fur et à mesure que je m’approchais. Cette ambiance m’a piqué de curiosité, l’étrangeté de la situation a suscité mon étonnement. Lorsque je suis entrée dans la chapelle, j’ai été littéralement éblouie par le tableau : un choeur de femmes chantant au centre d’une chapelle avec une lumière bleue et blanche diaphane. Quelle puissance et quelle singularité !

Mon corps garde encore l’empreinte de cette vibration unique en résonance avec un espace intérieur qui n’a pas de mots. Mon bébé de quelques mois était très tranquille et très réceptif à cette énergie déployée par ce chant entonné a capella d’un groupe composé de femmes entre 20 et 70 ans.

Cette expérience intense m’a probablement saisit par le sentiment d’une attention et une forte présence partagée, comme une forme de communion où la place à une part d’improvisation rendait l’ensemble singulier et vivant.

Offrir une voix animale en résonance avec la voix humaine, comment connaître cela sinon de l’éprouver dans le corps ? Sans lien de domestication, de domination, de consommation, de divertissement et bien dans une relation artistique, c’est à dire celle qui ouvre le regard.

Nos corps sont-ils capables de saisir l’état d’esprit « sacré », « sauvage » de la vie, du vivant ? Comment s’ouvrir à ce possible qu’il nous est offert d’incarner ? Quelle est donc la suite de cette histoire qui se tisse ? Qu’est-ce qui permettra dès aujourd’hui dans nos sociétés contemporaines, que les femmes continuent à partager et raconter ces résonances ?

A la suite du concert, j’ai eu l’opportunité et l’honneur de m’entretenir avec une des cheffes du choeur, Marine Le Mouël. Elle m’a partagé le processus créatif de cette représentation O’Vox avec quelques ingrédients clés pour créér cette douce et puissante alchimie en l’espace de quelques jours de stage, juste avant la représentation :

  • Laisser la place à une part d’improvisation
  • L’importance de la corporalité, de la mémoire kinesthésique : tout est corps, tout est oreille, il n’y a rien de cérébral.
  • La bienveillance permet de mettre le groupe en écoute de l’ensemble. Une intimité est partagée. Le travail vise l’harmonie entre et avec des musiciennes amateures.
  • Au niveau du répertoire, il y a un savant mélange de musique traditionnelle et ancienne avec un répertoire contemporain.

Plus d’un an après ce concert, ces clés m’apparaissent d’une intense actualité pour créer à qui se sent inspiré de nourrir le vivant.

/Miae Ka – 30 décembre 2020


Chaleureux remerciement à Marine Le Mouël et à Philippe Bissières. Photos diffusées avec l’aimable autorisation de Sophie Mourot et Marine Le Mouël